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Les greniers du chagrin
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Pendant un siècle, le CICR a photographié ou recueilli les photos des
drames dans lesquels il est intervenu. De cet archivage sans équivalent, le poète Nicolas Bouvier a extrait les documents les plus significatifs pour en faire un livre.
La fondation de la Croix-Rouge et les débuts de l'action humanitaire correspondent, à quelques années près, aux débuts de la photographie. S'agit-il d'une simple coïncidence? Les premiers reportages photo datent de la guerre de Crimée (1854-1856) et de la guerre de Sécession. En 1888, le Kodak No1 est sur le marché: il coûte 25 dollars et permet 100 prises de vue. A partir de là, plus aucune guerre n'échappe à la représentation et à la reproduction photographique. Le public, désormais, peut voir, peut savoir, peut commenter.
La photothèque du Comité international de la Croix-Rouge contient environ 70 000 clichés. Les plus anciens datent des guerres balkaniques (1912-1913) et de la Première Guerre mondiale.
C'est dans ce fonds exceptionnel que Nicolas Bouvier a puisé pour documenter par l'image un siècle de souffrance, de guerre et d'action humanitaire. Les photos choisies sont accompagnées d'un texte conducteur de Michèle Mercier (l'auteure d'une chronique des activités du CICR en ex-Yougoslavie parue l'an dernier), qui montre le contexte et donne son sens historique au document.
Comme la musique ou la lumière, la souffrance n'a pas de patrie, dit Nicolas Bouvier: elle est intemporelle, omniprésente, universelle. Ce livre, édité par Skira, en atteste. |
Photo 1 : Massacre de civils en Pologne, 1939. «La souffrance précède le droit», disent les auteurs du livre. La Convention de Genève du 2 août 1949 précisera, dans son article 4: «Sont protégées les personnes qui se trouvent, en cas de conflit ou d'occupation, au pouvoir d'une partie au conflit ou d'une puissance occupante dont elles ne sont pas ressortissantes.»
Photo 2 : Azerbaïdjan, Bakou, 1993. Libération de prisonniers arméniens |
Photo 3 : Dans le camp de Dancy, Seconde Guerre mondiale, 1942
Photo 4 : Chypre, 1974. Des familles grecques recherchent leurs parents portés disparus. "Si jamais on se retrouve, après des années, je ne saurai comment te dire bonjour." (Extrait d'un message de la Croix-Rouge) |
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Le nouveau quotidien, 25 octobre 1995 |
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