Dans un conflit armé, le CICR a un nouveau défi à relever: sa sécurité

Jakob Kellenberger, le président du Comité international de la Croix-Rouge était hier à Fribourg. Il a évoqué entre autres la situation en Irak.

Irak, Afghanistan, Palestine, Ethiopie, Caucase, Soudan... Les participants de la Confédération d'automne organisée hier soir par la direction d'UBS Fribourg se sont vite rendu compte qu'il ne s'agissait pas d'un programme de croisière. Jakob Kellenberger, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n'avait aucune bonne nouvelle à annoncer. Invité à parler de l'institution et de ses activités humanitaires dans les conflits armés, il a dressé un constat sombre de la situation, que l'actualité récente en Irak ou au Liberia ne vient pas démentir.

Devant un public qui a envahi l'auditoire de l'Ecole d'ingénieurs de Fribourg, Jakob Kellenberger a évoqué les défis que doit affronter actuellement le CICR. L'accès aux victimes par exemple. Il est de plus en plus compliqué à cause de la complexité des conflits qui impliquent toujours plus d'acteurs. La sécurité des collaborateurs s'est aussi clairement détériorée. Depuis le début de l'année, deux employés ont été tués, le premier en Afghanistan, le second en Irak. Et le président du CICR est pessimiste: "Nous percevons une tendance à occidentaliser le CICR. C'est un défi pour nous d'être indépendant et d'être perçu comme étant indépendant", a-t-il déclaré.

A plus long terme, une autre mission consiste à promouvoir et à faire respecter le droit international humanitaire tel qu'il a été conçu. Des voix s'élèvent pour prétendre qu'il n'est plus adapté aux situations complexes actuelles. Ce n'est pas l'avis du président du CICR qui estime que le problème réside surtout dans le respect de ce droit.

Hier soir, Jakob Kellenberger s'est gardé de toute critique a l'encontre d'un Etat ou d'un autre. "Parler et se taire d'une manière cohérente", telle est sa devise, la seule qui puisse garantir l'accès aux victimes. Il a juste mentionné qu'avant la conférence de Fribourg, il avait participé à une réunion "animée" avec les pays arabes. Par la suite, répondant à une question, il a encore dit ne pas "avoir besoin de faire un dessin de la situation humanitaire en Irak avant le début de la guerre". Reste que l'occupant à des devoirs, et le CICR n'a pas manqué de le rappeler.

De l'Irak, il a ainsi été beaucoup question hier soir. Le CICR y est depuis 23 ans sans interruption. Durant la guerre Irak-Iran, il s'est occupé de l'enregistrement puis du rapatriement des prisonniers de guerre. Une mission qui s'est terminée à la veille de la dernière guerre, déclenchée au mois de mars par les Etats-Unis. Lors de la première guerre du Golfe, l'institution s'est engagée dans la recherche de disparus. A ces activités, s'ajoutent le soutien aux systèmes hospitalier et de distribution d'eau. En octobre 2002, le CICR est parti du principe qu'une nouvelle guerre était probable si ce n'est inévitable, a avoué Jakob Kellenerger. Une appréciation qui n'a guère été rendue publique. Durant cette période, la plupart des organisations internationales ont été joué sur du velours. Dans les coulisses, on préparait la guerre alors qu'officiellement, on évoquait les espoirs qu'une solution pacifique serait trouvée. Peu à peu, le CICR a ainsi augmenté ses effectifs et acheminé du matériel dans la région.

Aujourd'hui, l'insécurité pousse des organisations à plier bagage. Le CICR a décidé de rester même si le personnel a été réduit. Et Jakob Kellenberger a rappelé hier soir que les dons privés n'étaient pas interdits.

Mag, La Liberté


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